Retraite à l'étranger : comment préparer son exil

Publié le par Jeanine Huet

Partir à l'étranger pour profiter d'une meilleure retraite est tentant. Mais gare à ne pas vous laisser griser par les seuls aspects économiques. Mieux vaut bien s'y préparer si vous voulez couler des jours tranquilles. Nos conseils.

Retraite à l'étranger : comment préparer son exil

Immobilier : des opportunités, mais une dose de risque

Attention à "l'effet Canada Dry" ! Dans certains pays, "le schéma d'acquisition ressemble fort au français, le vocabulaire est le même, mais en pratique il n'en est rien", précise Louis Eudes. Les règles françaises sont très protectrices pour l'acheteur et vous ne retrouverez pas ailleurs ce niveau de sécurité, même dans l'UE. Redoublez de prudence. Le principal souci concerne les titres de propriété. Enfin, de nombreux pays appliquent des restrictions à l'achat et permettent l'acquisition uniquement à certaines conditions, comme la Thaïlande et l'île Maurice.

Formalités : exilez-vous dans les règles

Pas de surprise : les démarches administratives sont lourdes. Et la liste qui suit n'est en rien exhaustive... Signalez votre départ à la Sécurité sociale et à vos caisses de retraite pour faire suivre vos pensions. Notez que vous ne pourrez plus toucher l'allocation de solidarité aux personnes âgées, l'ex-minimum vieillesse. Informez votre banque et organisez avec soin votre nouvelle situation bancaire. Si vous partez avec un animal, il devra satisfaire certaines conditions, variables selon les pays. Et pensez dès votre départ à l'avenir : un éventuel retour en France, voire un décès sur place. Passez notamment par la case notaire car votre déménagement peut avoir une incidence sur votre régime matrimonial, et renseignez-vous sur les règles de succession.

Quelles formalités pour séjourner sur une longue durée ? Dans l'Union européenne (UE), les démarches sont limitées. Ailleurs, sachez que plusieurs pays réservent des visas spéciaux aux retraités, souvent en exigeant un seuil de revenus. Certains vous chouchouteront clairement : le Panama, par exemple, a mis sur pied une sorte de "package" ouvrant la voie à une franchise de droits de douane et à des ristournes sur les transports, les restaurants ou la facture d'énergie ! Pour être en règle hors UE, il faudra aussi souvent échanger votre permis de conduire français contre un formulaire "local", comme au Maroc, ou passer l'examen local. La Maison des Français de l'étranger publie chaque année un guide très précieux, intitulé Bien préparer sa retraite à l'étranger, à télécharger sur www.mfe.fr.

Retraite à l'étranger : comment préparer son exil

Santé : pour une retraite tranquille, partez couvert !

Vous êtes pensionné du régime français? Vous pouvez revenir en France vous faire soigner, vous serez pris en charge selon les règles de l'Assurance maladie. Dans votre pays d'accueil, pas de règle unique en revanche. Si vous résidez de façon permanente dans l'Union européenne, vos soins médicaux seront pris en charge comme si vous étiez un local. C'est parfois aussi le cas hors d'Europe, dans les pays ayant signé avec la France une convention de Sécurité sociale prévoyant ce droit pour les retraités français. En Tunisie, au Maroc ou en Turquie, par exemple.

Ailleurs, vous n'êtes pas couvert, il faut choisir une assurance volontaire. Vous pouvez opter pour la Caisse des Français de l'étranger (CFE), elle rembourse sur la base des tarifs français de la Sécurité sociale. Attention, en cas d'hospitalisation dans un établissement non conventionné par la CFE, il faut avancer l'intégralité des frais. Les cotisations CFE s'élèvent à 204 euros par trimestre ou à 4% des vos pensions si celles-ci dépassent 20.400 euros par an. Vous pouvez aussi souscrire une assurance privée. Son tarif sera d'autant plus élevé que les soins coûtent cher dans le pays. Il est souvent conseillé de cumuler CFE et mutuelle privée. Car être couvert par le système local ne veut pas dire que vous serez bien pris en charge, ni que les prestations seront du même niveau qu'ici ! Un exemple. Au Portugal, il faut parfois attendre longtemps pour être soigné dans le public et le patient n'a pas le choix du médecin. Si ce système ne vous convient pas, "consulter un généraliste privé coûtera en moyenne 60 euros", souligne Olivier Perrin, président de l'association Français du Monde-Portugal.

Détails pays par pays : www.cleiss.fr

Coût de la vie : ciblez vos besoins, balayez tous les postes de dépenses

Vivre mieux ailleurs avec le même budget : c'est tentant et même possible dans de nombreux pays. Ainsi, André, retraité parti en Transylvanie, se réjouit que l'on puisse bien vivre en Roumanie avec 500 euros par mois et par personne et même " très, très bien " avec 1.000 euros. "Au restaurant, le plat du jour avec une bière coûte 4 euros", illustre-t-il. La vraie question n'est pas "Quel est le coût de la vie dans tel pays ?", mais "Combien coûte la vie que je souhaite mener dans ce pays ?" La réponse est donc très personnelle ! 

Ne vous focalisez pas uniquement sur les dépenses courantes, pensez aussi aux allers-retours vers la France, à la santé... Dans tous les cas, difficile de se faire une idée avant d'avoir passé un peu de temps sur place. Et n'oubliez pas qu'il existe de fortes disparités tarifaires entre les régions touristiques et les autres, la capitale et la province... 

Fiscalité : vous n'y gagnerez pas toujours

Pour ne plus être "résident fiscal français", les conditions sont strictes. Si vous les remplissez, vous serez exonéré de prélèvements sociaux. Vous paierez seulement une cotisation de 3,2% prélevée sur votre pension de base et de 4,2% sur la retraite complémentaire. Il n'est forcément plus avantageux fiscalement de vivre à l'étranger. Pour connaître la fiscalité s'appliquant à chaque revenu, consultez la convention bilatérale signée avec votre pays d'accueil. Si aucune n'a été signée, vous n'êtes pas à l'abri d'une double imposition. Certaines conventions prévoient la taxation des pensions en France, selon un barème particulier. D'autres dans le pays d'accueil. 

Attention, les barèmes d'impôt sur le revenu ne sont pas toujours plus favorables. Dans les pays à niveau de vie plus faible, les seuils sont souvent plus bas, la progressivité plus rapide. C'est le cas au Maroc. Et le quotient conjugal n'existe pas partout : vous pourrez être défavorisé en cas d'importants écarts de revenus dans votre couple. Quant à l'impôt sur la fortune, si vous n'avez plus votre résidence fiscale en France, seuls vos biens dans l'hexagone y seront soumis à l'exception de certains placements financiers : comptes, actions, assurance vie, etc. "Attention toutefois à ne pas conserver trop d'actifs en France, vous pourriez perdre votre statut de non-résident", précise Louis Eudes. 

 

 Source : www.l’express.frwww.mfe.fr

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